Cours de la vie maritime du contre-amiral Le Ray
écrite par lui-même.
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« Je suis né à Brest le 13 novembre 1795, j’ai 52 ans
(décédé à Paris le 23 avril 1849) Je suis contre amiral depuis
le 10 décembre 1841, j’avais alors 46 ans, âge auquel on est
rarement parvenu au grade de capitaine de vaisseau dans la marine.
J’ai commencé à servir l’état en qualité de mousse
en 1804 sur la prame la Ville de Mayence, faisant partie de la
flottille de Boulogne, un an après j’entrais au collège de
Rennes pour faire mes études, et j’en sortis aspirant de marine
de 2e classe le 28 janvier 1812 à la suite d’un examen publique,
embarqué en cette qualité sur la frégate Le Rubis (armé à
Paimboeuf) le 14 novembre 1812, je fis naufrage aux Iles
de Los, le 9 février 1813 étant en croisière contre les anglais.
à la suite d’un second examen publique, j’ai été nommé
aspirant de marine de 1ère classe le 19 janvier 1814 et enseigne
commandant pendant plusieurs mois la gabarre L’insaciable
(navire de guère) pendant une épidémie de fièvre jaune
qui avait décimé l’Etât major et l’équipage de ce navire.
Nommé Lieutenant de vaisseau au choix le 25 août
1823, j’embarquais comme chef d’étât major de l’Escadre
du levant sur la frégate la Serene le 3 février 1825.
J’ai été décoré de la Légion d’honneur le 1er aout 1827
pour le sang froid et le devouement que j’ai montré lors de la
rédition de la citadelle d’Athènes où se trouvais enfermés
2700 grecs, soldats, veillards, femmes enfants, qui sans l’intervention
de l’amiral Mr de Regny, auraient été égorgés par les turcs.
(il reçut du gouvernement grec, la croix de l’ordre des Sauveurs de
la grèce)
J’assistais à la Bataille de Navarin en qualité de chef
d’état major de l’escadre française ; le grade de capitaine de
frégate, fut la récompense de ma conduite dans cette action
memorable, dont le resultat fut d’arracher la grèce à l’esclavage
qui pesait sur elle depuis tant de siecles et lui faire prendre
Rang parmis les nations libres de l’Europe.
Commandant le Brick le Grenadier de 20 canons, le 27
mai 1829, faisant partie de la Station du Levant, j’ai été chargé
de plusieurs missions importantes dans ces mers pendant les
années 1829, 1830 et 1831.
Nommé en 1832 au commandement de la frégate
l’Ariane, j’ai fait la campagne des mers du nord pendant
le siège d’Anvers.
Après la prise de cette place par l’armée française, j’ai
été envoyé dans la méditerranée en septembre 1833, je faisais
alors partie de la division navale chargée de s’emparer
de la place de Bougie sur les côtes de l’Algérie.
Je fus nommé officier de la Légion d’honneur pour
récompense de ma conduite dans un débarquement effectué
à la tête de mon équipage, pour assister les troupes françaises
attaquées par les Arabes qui voulaient reprendre la ville
de Bougie, dont nous nous étions rendus maître peu
de jours auparavant.
Rentré en France en 1834, je fus nommé capitaine
de vaisseau le 17 mai suivant en récompense de mes services.
Le 4 mai 1838, je fus nommé au commandement
de la frégate la Médée et d’une division sur la côte
occidentale d’Espagne.
En septembre de la même année, je fis partie d’une
division navale, commandé par le contre amiral Baudin
et destinée à agir contre le Mexique.
Arrivé sur la Rade de Sacrificios à la fin d’octobre,
je fus envoyé à mexico, avec plein pouvoir de l’amiral
Baudin , pour éxposer au gouvernement mexicain les griefs
du gouvernement français et en demander satisfaction.
Le 5 novembre 1838 je debarquais à la tête de mon
équipage et je prenais part à la prise d’assaut de la ville
de Veracruz en montant l’un des premiers sur les murailles.
J’ai été récompensé de la part que j’ai prise dans ce
combat glorieux, par la croix de commandeur de la Légion d’honneur.
De retour en France, avec la Médée en mai en 1839 et chargé
de porter au gouvernement français, le traité conclu
avec le Mexique par l’amiral Baudin, je fus nommé au
commandement du Neptune de 86 canons.
Parti de Brest pour Toulon en novembre 1839, je
contribuais au transport des troupes de France en Algérie,
destinées à s’opposer aux nouvelles levée d’Alb el Kader
puis je rejoignis l’escadre de l’amiral Lalande dans les
mers du Levant au printems 1840.
L’escadre rentra à Toulon en novembre et je continuais
a en faire parti jusqu’en 1841 époque à laquelle je suis
envoyé devant Tunis, ayant sous mon commandement
une division navale, composée de deux vaisseaux
Le Montebello de 120 canons, le Neptune de 86 et la frégate Alemène
de 52 canons, le but de ma mission était de m’opposer
même par la force, à une expédition envoyée, disait-on
par la porte ottomane contre Tunis.
Je fus rallié après, successivement, par les vaisseaux
l’Hercule 110 canons, le Diadème de 86 et le Trident de
82.
La présence de cette force navale, importante fit
renoncer la porte 0ttomane à ses desseins contre la régence
de Tunis, et je rentrais à Toulon à la fin d’octobre avec
la division sous mes ordres.
Le 10 décembre suivant je fus élévé au grade de contre
amiral, récompense de toute ma carrière militaire et plus
particulièrement récompense des services que j’avais rendu
dans l’exercice de mon dernier commandement.
J’entrais au conseil d’amirauté le 24 mars 1842.
au mois d’août 1843, je fus nommé au commandement
de la Station du Levant, pays où j’avais séjourné les
dix années de lutte qui avaient amené la Génération de
la grèce
.
La lettre de commandement portait ; qu’il m’était
surtout confié, à cause de mon expérience dans les affaires
de ce pays.
Au mois de novembre de la même année, il me fut notifié
par Mr le Ministre de la marine de Makau ; que sur la
proposition, il avait été décidé en conseil des ministres,
qu’à l’avenir les agents diplomatiques auraient autorité,
en ce qui concerne la politique sur les commandants des
Stations navales à l’étranger, qu’en conséquence, j’étais
placé sous l’autorité de l’ambassadeur a Constantinople
et sous celle du ministre de France en grèce.
Je fis observer respectueusement à Mr. le ministre de
la marine, qu’une telle atteinte à la liberté d’action et de
commandement d’un amiral était dangereuse pour
l’intérêt du pays et facheuse pour la discipline.j’ajoutais
que dans ce cas ou une pareille décision serait maintenue
je le pryais de me choisir un successeur.
Deux mois après je fus rappelé en France, ou j’étais
alors Député ; je m’apperçus que l’exercice d’un commandement
était incompatible avec les fonctions de Législateur quoiqu’à
regret je restais sur les bancs de la chambre et je fus
remplacé dans mon commandement.
J’entrais au conseil d’amirauté à la place restée
vacante par la mort de mon ami l’amiral Lalande
J'y ai continué mes services jusqu'ici et si l'on veut
consulter les règistres du conseil, on y vaira que comme
rapporteur, je n'ai pas été celui de tous les membres qui ait
eu le moindre d'affaire à traiter.
Depuis mon entrée dans la marine comme mousse
à l'âge de neuf ans jusqu'au grade de contre amiral
ou je suis parvenu à quarante six ans, voilà quels
ont été mes services et j'espère, si dieu le permet en rendre
d'autres encore à mon pays !
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Ainsi finie la vie d'un Brave et fidèle serviteur,
un des officiers les plus distingué de notre marine et qui
portait sur la poitrine les décorations ; de commandeur
de la Légion d'honneur, celle de chevalier de Saint louis, de
commandant de l'ordre de Ste Anne de Russie et de chevalier
des Sauveurs de la grèce.
Le document ci-dessus qu'il m'a laissé écrit de sa main
quelques temps avant sa mort ne rapporte pas bien ses
faits d'arme, qui honorent sa mémoire et dont ont été
témoins, tant de braves marins qui l'ont suivi dans
sa carrière et qui ne les ont point oubliés.
Théodore Le Ray était fils du contre amiral Julien Le
Ray et de demoiselle Le Ray Guichard, tous deux natifs
de Pornic arrondissement de Paimboeuf Loire inférieure
Né à Brest en 1795 où son père avait un commandement.
Dès son enfance il manifesta le goût le plus décidé pour
la navigation. La principale habitation de ses parents
étaient à leur maison de campagne nommée Chanteloup entre
Pornic et Saint Père en Retz.
C'est à Pornic ou de bonne heure il pris les premières
leçons de navigation et ses camarades l'appelaient déjà
le petit amiral.
C'est là aussi que dans un âge plus avancé il venait
se reposer au sein de sa famille et de ses nombreux amis,
dont il avait prêter la main, malgré la différence de grade.
Aussi un jour arriva ou un décret impérial en date du
3 Xbre1853 autorisa l'érection de la statue de l'amiral Le Ray
sur le môle du port de Pornic où à la suite d'une souscription
volontaire elle fut posée le 12 août 1855 à la satisfaction
des habitants de Pornic et de ses nombreux amis.
Son vieux camarade
N. Hoiry
Capne. de Port à Pornic
Transcris par M. LEGAULT
Source SAD Brest
NB - Le texte ci-dessus date 1847 C'est par suite d'un commandement à Brest de son père Julien Lucas Leray, lequel finira contre-amiral, qu'il naquit dans cette ville. Ses deux soeurs ainées naîtront à Pornic, pour l'une d'elle il est précisé "aux sables", quartier bas de cette ville à proximité du port. Il fut député de l'arrondissement de Pornic, du 6 février 1836 au 3 octobre 1837, 20 mars 1841 au 12 juin 1842 et 9 juillet 1842 au 6 juillet 1846.
HAUTE-PERCHE
« Ce cours d’eau, dont la partie inférieure forme le chenal du port de Pornic, est navigable depuis le pont de Haute-Perche, sur le chemin d’Arthon à Chauvé.
A Pornic, la route départementale qui conduit à Machecoul traverse la rivière sur une ancienne chaussée qu’on avait construite pour l’établissement d’un moulin à eau, aujourd’hui supprimé. La
construction de cette chaussée avait en même temps pour objet, d’une part, de maintenir, dans la partie amont, le tirant d’eau nécessaire à la navigation, et d’autre part, d’empêcher les hautes mers d’inonder les marais cultivés qui borde cette partie de rivière à laquelle on a donné la dénomination de canal. Dans l’état actuel, la chaussée ne présente d’ouvertures que pour l’écoulement des eaux. Ces ouvertures sont au nombre de quatre ; ce sont : un pertuis, deux vannes de moulin et un aqueduc ayant ensemble 7 m. 05 de débouché, d’où il résulte que toute communication directe est impossible entre ce qu’on appelle le canal et le port, et qu’il faut transborder de l’un dans l’autre les marchandises qu’on livre à la voie d’eau.
La chaussée n’ayant pas une largeur suffisante pour les besoins de la circulation, et, d’un autre côté, les ouvertures qui y sont pratiquées nécessitant des travaux de reconstruction, on a profité de cette circonstance pour comprendre, dans le projet de ces travaux, ceux d’une écluse à sas destinée à assurer, en tout temps, la communication entre les parties supérieure et inférieure de la rivière, et, au moyen de doubles paires de portes d’ébe et de flot, à maintenir l’eau dans la première partie, pendant les basses-mers, comme à s’opposer à l’introduction des hautes marées. Le projet de cette écluse vient d’être approuvé et va être mis en exécution. La dépense sera supportée par l’Etat, sauf une subvention que doit fournir le syndicat des marais salants qui est intéressé à l’amélioration de la navigation.
Le développement de la partie navigable de la Haute-Perche, en amont de la retenue de Pornic est de 11.000 m.
et la longueur du chenal maritime, en aval, jusqu’au-delà du rocher de la Malouine, de 1.000 m.,
soit ensemble 12.000 m.
La pente que doit racheter l’écluse est de 0 m. 70. Cette écluse, qui sera accolé au quai même de Pornic, sur la rive droite du chenal, aura 4 m. 80 de largeur et 14 m. 70 de longueur utile.
On donnera à l’arche sur laquelle passera la route 2 m. 65 de hauteur, au-dessus de l’étiage d’amont.
Le tirant actuel de la partie fluviale est de 0 m. 90.
La charge des bateaux qui naviguent sur la Haute-Perche, en a mont de la retenue, varie de 4 à 7 tx. Le halage se fait à bras d’hommes.
On a calculé que les frais de transbordement des marchandises qui passent des toues dans les navires, et réciproquement, s’élevaient annuellement à 16.000 f, et que la construction de l’écluse réduirait ces frais de 3.600 f.
La Haute-Perche n’est pas imposée au droit de navigation. Elle ne figure pas non plus au tableau annexé à l’ordonnance du 10 juillet 1835, sur la pêche fluviale.
A l’appui du projet d’écluse, MM. les ingénieurs ont présenté le relevé suivant les marchandises transportées, année moyenne, à la remonte ou à la descente, et qui doivent par conséquent franchir la chaussée de Pornic.
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EXPORTATIONS :
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5,500 hectolitres de blé
200 - d’avoine :
150 barriques de pommes de terre. :
250,000 fagots d’échange :
20,000 fagots à feu :
200 stères de bois à feu :
600,000 briques et tuiles
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IMPORTATIONS
_________________________________________
6,000 t d'engrais de Noirmoutiers et
de Bretagne.
2,000 barriques de poudrette.
200 - de noir d'animal.
200 hectolitres de houille.
20,000 kil. de fer.
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Ramenées à l’unité de poids, ces quantités forment environ 10,000 t environ. »
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Source : tiré du « Précis historique et statistiques des voies navigables de la France … » par Ernest Grangez – N. Chaix et Cie (Paris) - 1855
« Déclaration au sujet de la condemnation du navire L’Ange Gabriel de Nantes
Du 15 avril 1749
A comparu le sieur Gilles Fourneau cy devant capitaine commandant le navire nommé L’Ange Gabriel
de Nantes du port d’environ 60 tonneaux armé de 8 canons et 2 pierriers et equipé de 17 hommes tout
compris par n.h. Jean Goffran negt. a Nantes y demeurant à Chézine parsse. de St Martin de Chantenay bourgeois
& armateur dudit navire duquel ledit Sr Fourneau le serment pris la main levée devant nous il a promis et juré
de dire verité ensuite de quoy il nous a dit et declaré qu’il seroit party du bas de cette rivière avec ledit
batiment L’Ange Gabriel le 1er de 7bre 1746 pour aller a l’Amerique chargé de marchandises
permises, que pour cet effet il se rendit a l’isle d’Aix pour y joindre le convoy le 6 du meme mois de 7bre, ou
il resta jusqu’au 6 8bre suivant , auquel jour il en fit voille avec les autres vaisseaux marchands
composant la flotte sous l’escorte de 4 vaisseaux du Roy, qu’ils arriverent au Fort Royal le 28 du
mois 9bre de ladite année 1746 jour auquel ledit declarant tomba dangeureusement malade de la
maladie du pays espece de colique qu’il ne luy aurait pas permis d’agir a
aucunne de ses affaires et meme pour ainsy dire sans connoissance
jusqu’au septieme jour de son arrivéee, qu’il partit (avec ledit navire rayé)
pour le Fort Saint Pierre ayant encore la fievre (ou il arriva le 4 octobre
suivant auquel rayé) pour remettre une lettre de recommendation que luy auroit été
remise par son armateur le Sr. Gauffran pour le Sr. Rabier negociant audit Saint Pierre qui luy
promit de luy rendre service et faire tout son possible pour procurer au declarant du fret
et qu’il n’auroit pas manqué de fret si le convoy n’auroit party que d’en deux ou trois
mois pour le plus tard.Le declarant luy repondit que s’iltrouvoit son chargement a
l’entier quoyque le fret ne valloit pour lors que 48% pour livre de sucre ainsy que des autres
danrées a proportion, lequeldit declarant donna pouvoir audit Sr. Rabier de freter
a 30% pourveu qu’il eut trouvé sondit chargement a l’entier, et luy comparant
auroit fait egallement tout son possible pour pouvoir trouver son chargement
ayant meme fait plusieurs voyages du Fort Royal au Fort Saint Pierre et de ce dernier
endroit au Fort Royal sans pouvoir trouver que 30 bariques a 30% tel qu’il l’avoit
laissé, le convoy ayant eté trop pressé de partir et n’auroit pû trouver daventage de fret
pour pouvoir repartir avec le meme convoy. Malgré tous les mouvements
que ledit Sr. Rabier et ledit declarant peurent se donner l’un et
l’autre furent inutiles et ont eté dans l’obligation de rester a ladite isle Martinique
en esperant un nouveau convoy ou quelque ordre dudit Sr.Gauffran son armateur
comme tous les autres capitaines firent ne leur ayant par permis de partir sans
avoir quelques ordres de leurs armateurs, que le general leur fit une deffense de
partir sans ordre de leurs bourgeois et de rester en la susdite isle en attendant
un nouveau convoy, adjoutant que ses ordres etoient de partir et revenir en
France avec convoy, que ledit Sr. declarant s’etant rendu au Fort Royal il continua
d’y chercher fret ou n’ayant pas trouvé il fut obligé de prendre le party de conduire
le navire a Saint Pierre ou il fit la decharge et vente des marchandises de son
chargement, apres quoy l’ivernage etant sa ruine et ne venant point de convoy il fut
obligé de conduire son navire au Fort Royal avec seullement 17 bariques de
sucres et son lest, ou etant il y iverna, et apres l’ivernage il reconduisit le navire
au Fort St Pierre avec environ 68 a 70 bariques de sucre, cinq
balles de cotton, 4 grosses bariques et plusieurs quart de caffé ou etant
une voye d’eau s’etant declaré peu a peu au batiment laquelle par la longueur de
tems seroit augmentée d’une manniere a pomper presque toutes les heures, ce qui
obligea de faire decharger les autres marchandises qui etoient a fret fors 4 bariques
de sucres appartenant a la carguaison,lequelle dittes marchandises furent mises
en un ponton pendant qu’on carena le navire dont les doublages se trouverent
entierement pourris et piqués de vers jusqu’à la quille et six ecars de largue avec
plusieurs gouvernables pourris egallement dans les deux bouts d’estints en son arcasse, et
qu’apres ledit carenage fait et le navire retably ledit declarant y fit remettre les susdites
marchandises qui en, avoient eté dechargées et qu’il resta en cette situation audit lieu de la
Martinique toujours dans l’esperance d’y finir son chargement et qu’il fut venu un convoy
pour revenir en France et que s’etant ainsy ecoulé quatre mois depuis sondit carenage
il alla trouver le General pour obtenir la permission de partir quoy qu’il n’y eut point
de convoy, ce qu’il ne voulut pas luy permettre luy disant qu’il ne pouvoit le faire sans
avoir un ordre expresse de son armateur et qu’il resta ainsy jusqu’au 10 juillet 1748
auquel jour etant facheussement survenu une autre voye d’eau audit navire l’Ange
Gabriel qui fut causé par les vers qui avait picqué le franc bord , l’equipage du
declarant ayant presenté une requeste au siège d’Amirauté dudit lieu il fut ordonné que la visite
du navire seroit faite, et apres visite faite le navire fut jugé incapable de naviguer par sentence
du 27 du meme mois de juillet a moins d’y faire un radoub qui se seroit monter a la somme de douze
mille livres a quoy le declarant n’etoit point en etat de subvenir ne trouvant aucun argent ny
credit sur les lieux, n’ayant que quatre bariques de sucre pour le compte de la carguaison pourquoy lesdites
marchandises furent vendus aux chargeurs et les 46 bariques de sucres de ladite carguaison furent
ensuitte envoyées en France a l’adresse du Sr. Gauffran, que le navire fut vendu par ministere de
justice a la somme de neuf mille vingt livres sur laquelle dite somme il auroit payé a diverses
les emprunts qu’il avoit eté obligé de faire pour les necessités du navire independamment de trois lettres
de changes qu’il avoit obligé de tirer sur ledit Sr. Gauffran , et qu’ensuite il s’embarqua sur le bateau
la Societté de la Rochelle, capitaine le Sr. Pierre Sauvage pour venir en France, lequel partit
de la Martinique le 2 7bre de ladite année 1748 et que le batteau par mauvais tems et manque
de vivres, voilles et manoeuvres et ouvrant de tout coté faisant vent arriere fut dans la necessité
de relacher a Milfort en Angleterre le 14 9bre suivant et comme
l’equipage dudit batteau egalement queledit declarant n’etoient pas prevenus que
la suspension d’armes etoit continuée qu’au contraire ils la croyaient finie en France
ledit Sr. Sauvage fit jetter a la mer ses pacquets pour la Cour avec des papiers pour
en ôter la connoissance aux anglois et ledit declarant etant malade alors, ayant dit
au garcon de chambre de jetter a la mer des lettres et papiers et meme le journal ..
dans le coffre du declarant il y jetta effectivement tout ce qu’il trouva de papiers et
lettres sous sa main du nombre desquels etoient les ordres que son bourgeois luy avoit
donné, les certificats de la decharge des engagés et fusils boucanniers et presque tous les
recus des payements qu’il avoit fait a la Martinique avec deux inventaires des ventes de nipes
de deux decedés de son equipage et qu’il ne lui resta que tres peu de papier qui se
trouverent dans son livre de vente qui etoit parmi ses hardes, et que ledit batteau la
Societté ayant fait voile d’Angleterre il se rendit à La Rochelle au mois de fevrier dernier
ou le declarant raporta sa mauvaise santé resta jusqu’au 22 mars suivant
auquel jour il se rembarqua sur une barque l’a conduit jusqu’aux Sables
d’Olonne duquel dernier endroit il s’est rendu par terre a Nantes etant alors
malade, declare de plus que le nommé Joseph Buguelet matelot de St Malo et Jullien
de la Meuze charpentier sont decedés , Scavoir ledit Buguelet au Fort Royal le 11 7bre 1747 et
ledit de la Meuze a l’hopital du Fort St Pierre le 9 janvier 1748, lequel dit Baguelet auroit
laissé quelques nipes dont auroit été fait l’inventaire et vente qui se seroient trouver du nombre
des papiers jettés a la mer comme il l’a cy devant déclaré et quand audit la Meuze il n’avoit
rien laissé apres sa mort, et que les nommé Joseph Gabory, chirurgien, Jean Baptiste Chardin
maitre, René Auvry matelot, Julien Gris novice, Thomas Philibert aussy novice Francois
Cerviere aussy novice, Joseph Taillé mousse et Thomas Bonnamy aussy mousse sont desertés a la
Martinique. C’est sa declaration de laquelle lecture luy faite il a declaré y percister et par
icelle attendu tout ce que dessus declaré, il fait toutes les protestations qui se doivent
faire et sont requises et necessaires en pareil cas suivant l’ordonnance vers et contre tous ceux
qu’il appartiendra , reservant meme a faire plus ample declaration et a faire veriffier le tout
par gens de l’equipage dudit navire L’Ange Gabriel en cas de besoin et aussy au cas qu’il se
trouve a Nantes quelques gens dudit equipage et qu’a l’egard de son congé il l’a remis au greffe
de l’Amirauté de Saint Pierre et a signé, quarente neuf mots rayés nuls, interligne que
furent, quatre, et meme son journal aprouvéz.
G. Fourneau »
Source : ADLA
M. LEGAULT